Hommage à Pierre Bazin (1931-2008)
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Pierre Bazin est né le ler novembre 1931, à Dieppe. Il y suit les cours du collège Jean Angot où son professeur de dessin, Raymond Pallier, décèle ses dons pour cette discipline. Sur ses conseils, il poursuit ses études au Lycée Claude Bernard, à Paris. C’est tout naturellement qu’il devient professeur de dessin, pardon, d’« Arts plastiques » suivant l’appellation « de charabia ambiant » comme il se plaisait à dire avec son humour habituel. En 1954, il enseigne à Châlons-sur-Marne. En 1957, il est appelé pour effectuer son service militaire en Algérie, où ses talents le font placer au service cartographique de l’armée : « les Djebels, je les ai dessinés sur le papier » disait-il. Un intérêt certain pour l'archéologie De retour en France, il est nommé au Lycée Malherbe, à Caen, où il exerce de 1960 à 1965. C’est dans cette ville qu’il fait la connaissance de l’archéologue Bernard Edeine, chercheur au CNRS, et en tant que tel, premier préhistorien professionnel de Normandie. Pierre Bazin participe alors activement aux chantiers de fouilles organisés par ce chercheur sur le site du Mont-Joly, commune de Soumont-Saint-Quentin, dans le Calvados. C’est d’ailleurs lui qui dessine le mobilier archéologique illustrant des articles de Bernard Edeine (1963, 1966) parus dans le bulletin de la Société Préhistorique Française, et qui constituent un apport majeur à la connaissance du Néolithique dans le Bassin parisien. Il conserva toujours pour le « Patron », comme on disait alors, une grande affection et un profond respect. Cette rencontre a joué un grand rôle dans ses orientations : son intérêt pour l’archéologie ne le quittera plus. Ainsi, quand en 1967, au cours de travaux de réaménagement dans la tour nord du Château-Musée de Dieppe, des ouvriers commencent à mettre au jour des poteries des XVIe et XVIIe siècles, il décide aussitôt de procéder lui-même au déblaiement. Il sauve ainsi quelque 250 vases, fabriqués aussi bien régionalement qu’importés, et qui montrent la batterie de cuisine d’un milieu aristocratique à l’époque moderne. Conservateur du Château-Musée de Dieppe Fin 1965, il devient conservateur du Château-Musée de Dieppe, après le départ à la retraite de Jean Lapeyre, poste qu’il ne quitte que pour partir à son tour en retraite, le ler novembre 1996. Son activité y est débordante : en 31 ans, il réalise 88 expositions temporaires. Il enrichit considérablement les collections du Musée : par exemple, dans un domaine spécifique à l’établissement, 305 nouveaux ivoires de grande qualité entrent au Musée, auxquels il faut ajouter 500 estampes et dessins, 243 peintures, ainsi qu’une foule d’objets de marine et d’art populaire... On lui doit aussi l’agrandissement du Musée. Il rédige ou collabore à l’édition de nombreux catalogues. Il n’oublie jamais cependant l’enseignement : tout le monde se plait à souligner ses qualités pédagogiques et il sait admirablement bien expliquer et par là faire aimer des tableaux qui, pour le profane, pouvaient sembler quelque peu ésotériques ou surprenants. Il explique d’ailleurs que l’enseignement et la muséographie correspondent à une même démarche : faire ouvrir les yeux, apprendre à analyser et à comprendre. Une passion pour la peinture Il est aussi un membre actif des « Amys du Vieux-Dieppe » dont il devient vice-président. Peintre lui-même, il affectionne particulièrement l’emploi de la peinture à l’huile pour restituer des paysages qu’il réinterprète en fonction de sa personnalité. Il ne confond cependant jamais ses activités professionnelles et sa vocation d’artiste : il expose avant tout les toiles des autres... Il profite de sa retraite pour installer un atelier en sa résidence du château de Gruchet-sur-Arques, où il vient croquer les paysages qui l’ont inspiré au cours de ses promenades. Membre de la Commission Départementale des Antiquités (CDA) Le 12 avril 1967, il est nommé membre titulaire de la CDA par arrêté préfectoral. Si ses occupations professionnelles l’empêchent souvent d’assister aux réunions de la Commission - les statistiques montrent qu’il n’y est venu qu’un peu plus d’une fois sur trois - en revanche, ses interventions y sont extrêmement nombreuses et ce sur de nombreux thèmes. Outre des catalogues d’expositions, il publie en l’an 2000, aux éditions Bertout, un ouvrage « Naissance à Miromesnil ». Il y rappelle la naissance de Guy de Maupassant, en ce château propriété familiale de par son épouse, Christine de Vogüé, musicienne de grand talent avec qui il formait un couple très uni et dont la disparition en 2006 ouvrit chez lui une blessure qui ne se referma jamais. Notons enfin qu’il avait été décoré chevalier de l’Ordre National du Mérite. C’était un ami sûr. Pierre Bazin est décédé le 25 août 2008.
Jean-Pierre Watté
Publications :
BAZIN Pierre, 1968 : « Dieppe ». Bulletin de la Commission Départementale des Antiquités, t. XXVI, 1966-1967 : 177-179.
BAZIN Pierre, 1977 : «Dieppe : le Christ du calvaire de la jetée ouest du port ». Bulletin de la Commission Départementale des Antiquités, 1. XXXI, 1976-1977 : 195-199.
BAZIN Pierre, 1989 : «Les travaux d’agrandissement du Musée dans l’enceinte du château ont été inaugurés le 11 juin 1984». Bulletin de la Commission Départementale des Antiquités, t. XXXV, 1984-1985 : 131-132.
BAZIN Pierre, 1999 : «Réflexions autour de la Vierge du Voeu de la cathédrale». Bulletin de la Commission Départementale des Antiquités, t. XLVII : 109-111, 1 pl. h.-t.
BAZIN Pierre, 2002 : «Le Christ en croix de Senneville-sur-Fécamp », Bulletin de la Commission Départementale des Antiquités, t. L : 105-107, 2 pl. h.-t.
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