Chansons et poème « préhistoriques » devenus … historiques
« Il est un temps pour tout, un temps pour toute chose sous les cieux :
…un temps pour pleurer et un temps pour rire…», Ecclesiaste, 3. Georges Laplace Abbé Jean Bouyssonie Les deux textes suivants pleins de références ont été remis à Gérard Colmont par Georges Laplace lors d’un des Séminaires d'Arudy (Pyrénées-Atlantiques) de Typologie Analytique. Il fallait qu’ils soient livrés à la communauté actuelle des préhistoriens pour leur faire revivre les premiers temps de la Préhistoire française. Ils sont typiques de l’ambiance assez folklorique et des rivalités qui régnaient déjà sur les premiers chantiers de fouilles du début du XXe siècle ainsi que du milieu du siècle. D’anciens noms - maintenant disparus - de civilisations préhistoriques y apparaissent de même que les noms de sites devenus célèbres par les travaux pionniers d’ archéologues- préhistoriens qui font maintenant partie de l’Histoire de la Préhistoire.
La chanson des « Caillouteux » (sur l’air de « Viens Poupoule »)
1 2 Le jeudi soir, après l’turbin Puis au logis dans un bassin
Pelle ou piochon en main De fer, de cuivre ou d’zinc
Les caillouteux Nos caillouteux
S’en vont par deux Tout poussiéreux
A la chasse au burin Prépar’nt bien vite un bain
Ils creus’t et fouill’t à deux genoux Aux nuclei, aux vieux grattoirs
La Coumba-del-Bouitou Epatants, faudrait voir
Afin d’trouver, Si bien taillés
De dénicher Et retouchés
Quelqu’vieux silex taillé Qu’c’est à vous fair’pâmer
Refrain Refrain
C’est vraiment amusant C’est vraiment gondolant
D’entendr’ nos lithos chantant : D’entendr’ nos lithos chantant :
Lithologues, lithophiles, Va ! Lithologues, lithophiles, Vois !
On se fich’ de not’poire Encore un autre grattoir
Mais nous leur-z-y f’rons voir ! Ah ! Comm’çà, et c’est la gloire, Ah !
Lithologues, lithophiles, Va ! Lithologues, lithophiles, Hein !
Nos cailloux ne sont pas Est-il assez « rupin »¹
Ce qu’un vain peuple cro…a ! C’ nouveau typ’ de burin !
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Incontinent, l’un d’eux écrit Fur’tant dans un « trou à lapins »
A un’ Revue d’Paris A la Chapelle aux Saints
Venons d’trouver Dans un coin noir
Silex taillé Ils croient z’y voir
Spécimen inédit ; Gésir un sq’lette humain
Au nom d’la Science, accept’riez-vous Il était là d’puis si longtemps
Un article de nous ? Qu’il a perdu ses dents !
Revue répond : Qu’faut-il penser
Nous acceptons, D’ce vieux très passé ?
Et nous vous imprimons. C’est l’ancêtre espéré !
Refrain Refrain
A c’moment, c’est tordant Pour le coup, chantons tous
D’entendr’ nos lithos chantant : Comm’nos lithos presqu’fous :
Lithologues, Lithophiles, Vois ! Lithologues, Lithophiles, Ouh !
Nous v’là d’par not’ mémoire Quoiqu’fort énigmatique*
Sur le chemin d’la gloire, Ah ! C’est une grand sym…pathique, Hic !*
Lithologues, Lithophiles, Hou ! Lithologues, Lithophiles, Hein !
Bien vite embrassons-nous, A La Chapelle Aux Saints (lier ad libitum)
Cognons nos deux cailloux ! Je…dis un Merci Bien !
*Variante : Sur les bords d’la Sourdoire
A sa santé faut boire, Voire ¹ Ernest Rupin était un préhistorien amateur de Brive-la-Gaillarde. Le Musée porta son nom jusqu’en 1989.
Les couplets 1, 2, 3 écrits en 1903 sont de J.B. Fouix, professeur au Petit Séminaire de Brive. Le dernier couplet écrit un peu plus tard en 1908 - époque de la découverte de l’homme de La Chapelle-aux-Saints - a pour auteur l’abbé Jean Bouyssonie, préhistorien éclectique, aussi bien intéressé par les techniques de fouilles que par la classification des industries. Cette découverte a eu le mérite de remettre en question les théories alors défendues par l'Eglise ainsi que la question de l'ancienneté de l'Homme.
Poème plus tardif ayant sans doute pour auteur
le Professeur François Bordes
Celui-ci ne manquait guère d’humour (voir comment il traite certains de ses pairs), même si d'aucuns n’ont retenu de lui que ses colères mémorables. En dehors de son activité de préhistorien, il a été l’auteur reconnu par la critique de plusieurs romans et nouvelles de science-fiction sous le pseudonyme de Francis Carsac, du nom d’un petit village de Dordogne où François Bordes revenait régulièrement faire des fouilles dans la grotte paléolithique du Pech-de-l’Azé. Il y a dans ce poème quelques envolées lyriques où le romancier transparaît!
Sortira-t-on jamais de la basse terrasse
Où la solifluxion, qui passe et qui repasse
A brouillé les dépôts,
Commont s’y attaqua, œuvre encor magnifique
Puis Breuil et Koslowski, et puis toute la clique
Séides et suppôts !
Blanchard, homme naïf que la foi illumine
De l’Axe de la Terre a rongé la racine.
Le Pôle frémit et céda !
Et onze fois, pas moins, glissant le long des pentes,
La solifluxion, en laves bouillonnantes,
Descendit jusqu’en bas !
Sainte Solifluxion déclara : "Vieilles pierres,
Vous dégringolerez jusque dans la rivière.
Quel que soit votre état,
Nous vous concasserons. Alors méconnaissables,
Vous vous mélangerez aux graviers et aux sables.
Breuil vous reclassera" !
Et la Somme, dansant comme une ballerine,
Sur ses alluvions, sans qu’elle les ravine,
Remonte et redescend,
Le Clactonien glacial chemine sur sa rive,
Et les Acheuléens, quand la chaleur arrive,
Traquent les éléphants !
Un peu plus loin, brouillé à mort avec la race
Qui dans le noir silex a taillé le biface
Vit le Levalloisien.
Il voit dans le futur sa nombreuse famille,
De un à sept, rangés en file, et sur lui brille
Le soleil pré-Rissien !
O roman inouï, roman préhistorique,
Chocs, rencontres, combats, et, bataille épique,
Biface contre éclat !
Le Capsien imprévu, arrivant de l’Afrique
Vient encor compliquer la vieille mécanique
En passant par l’Etna !
Grande migration, qui resterait encore
Sans le puissant cerveau de Môssieu Lacorre
Dans les limbes du temps.
O puissante vraiment l’hypothèse sublime
Qui a placé la base au dessus de la cime,
Le père après l’enfant.
Le géant Cro-Magnon œuvre le bois de renne
Que dédaigne, railleur et la face sereine
Le Combe-Capellien.
Ils se passent le bail des abris de Vézère,
Logement idéal, sous le climat sévère
De l’Aurignacien !
Peyrony, Peyrony, Peyrony, hors d’haleine
En suivant à travers le val, le mont, la plaine
Les pauvres Grimaldiens,
Exilés à jamais à Laugerie Haute
Et qui ont emporté, tout au fond de leur hotte
Quelques microburins.
Pourrait-on, évitant ton idée baroque
Expliquer les cailloux roulés de la Micoque
Et ceux du Moustier,
Sans croire pour celà aux crues légendaires
Qui auraient de nos défunts tailleurs de pierre
Envahi les chantiers ?
Mais assez de roman. Si je suis las de suivre
De l’âge de la pierre à l’époque du cuivre
Avançant peu à peu
La lente progression de l’humaine nature,
Pour m’endormir le soir, dessous ma couverture,
J’ai "La guerre du Feu" !
La chanson "L'homme de Cro-Magnon"
par Eric Robrecht
Eric Robrecht Jean-Roger Caussimon N'oublions pas "notre" chanson fétiche - chantée de belle manière par les Quatre-Barbus - dont l'auteur semble être Eric Robrecht. Les références à Greta Garbo et à Picasso datent les paroles et sans doute la musique des années cinquante.
Éric Robrecht (de son vrai nom Raymond Robberecht) est un musicien, auteur-compositeur-interprète, arrangeur musical belge, né à Bruxelles en 1932 d'un père flamand et d'une mère d'origine française, et mort en 2006 à Paris.
Il décroche un premier prix de solfège et d'harmonie au Conservatoire de Bruxelles. En 1966, il décide de "monter" à Paris avec femme et enfant pour y présenter ses chansons, notamment à Yves Montand. Peu après, il séduit Jacques Canetti, parti de chez Philips et devenu son propre producteur. L'année 1970 marque un tournant important de sa carrière par le début de sa collaboration avec Jean-Roger Caussimon. Eric Robrecht devient alors le collaborateur privilégié de Caussimon, composant et arrangeant pour lui durant une quinzaine d'années. Ils créent ensemble une quarantaine de chansons.
Il remporte le Grand Prix de l'Académie Charles-Cros en 1972 avec "Les filles qui font pleurer". Dès les années 1970, et quasiment jusqu'à sa mort, il se produit presque chaque soir au célèbre cabaret de Montmartre, Le Lapin Agile. Il y chante ses chansons, notamment celles qu'il signe avec Jean-Roger Caussimon, mais y accompagne aussi au piano de nombreux artistes.
1 3
C’é-tait au temps d’la pré-his-toi-re, Il é-tait po-èt’ à ses heu-res,
Voi-ci deux ou trois cent mille ans, Di-sait à sa femm’ en é-moi :
Vint au monde un ê-tre bi-zar-re, "Tu es belle comm’ un Di-no-sau-re,
Pro-che pa-rent d’l’o-rang-ou-tang. Tu ressembl’ à Gar-bo Gre-ta.
De-bout sur ses patt’s de der-riè-re, Si tu veux voir mes car-tes pos-tal’,
Vê-tu d’un slip en peau d’bi-son, Monte dans ma caverne tout là-haut,
Il al-lait con-qué-rir la Ter-re : Tu verras des peintur’s murales,
C’é-tait l’Hom-me de Cro-Ma-gnon ! On dirait du vrai Picasso."
Refrain Refrain
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Ar-mé de sa hache de pi-er-re, Deux cent mille ans après sur Terre,
De son cou-teau de pierre itou, Comm’ nos ancêtr’s nous admirons,
Il chassait l’ours et la pan-thè-re, Les bois, les près et les rivières,
En ser-rant les fess’s mal-gré tout. Mais s’ils rev’naient, quelle déception,
De-vant l’di-plo-do-cus en ra-ge, D’nous voir suer six jours sur sept,
Il commençait à s’faire tout p’tit, Ils diraient sans fair’ de détail :
Tout en disant dans son lan-ga-ge : "Faut-y qu’nos héritiers soient bêtes,
"Viv’ment qu’on in-vent’ le fu-sil !" Pour avoir inventé l’travail !"
Refrain Refrain
REFRAIN : L’Homme de Cro-o-o-o
L’Homme de Ma-a-a
L’Homme de Gnon-on-on
L’Hom-me de Cro-Ma-gnon, pom-pom !
L’Hom-me de Cro de Ma-gnon ce n’est pas du bi-don
L’Hom-me de Cro-Ma-gnon, pom-pom !
L’Homme de Cro de Ma-gnon ce n’est pas du bi-don
L’Homme de Cro-Ma-gnon
Pom, Pom, POM-POM,
Pom, Pom, POM-POM, ….
Fin