Fût-ce à l’ennemi d’hier, il déclare son vœu de rapprochement. Augurant les inévitables conversions de demain, il tâche à écourter les stériles rancunes, et à gagner du temps sur la haine. C’est lui qui, en 1924 et 1925, mettra fin à l’occupation de la Ruhr, et, avant qu’intervienne Briand, entamera le pacifique dialogue qui devait colorer d’une fugitive espérance le nom de Locarno.
Mais, pour déterminée que fût sa volonté d’entente, elle n’eût pu l’entraîner à des faiblesses qui eussent préjudicié à son pays. Exempt de périlleuse ingénuité, Herriot n’a garde d’oublier que l’esprit de guerre prend tous les dehors, et que de certains sourires sont plus inquiétants que les franches grimaces de la haine. Aussi ne se départ-il point de ce qu’il faut de prudence pour se garer contre la ruse sans risquer de décourager la bonne foi.
Sa visée, laborieuse mais parfois bien remplie, était d’agir à la fois humainement et françaisement. Lui arrivait-il d’échouer, du moins il nous donnait cette belle victoire morale de pouvoir penser que, si la juste cause n’avait pas prévalu, ce n’était pas la faute de la France.
Contempteur de la haine, « qui n’a jamais rien su créer », Herriot se refusait à croire qu’un fatalisme historique, voire biologique, enchaînât l’humanité au passé de violence et de sang. Son aversion de la guerre restait assez lucide pour l’instruire des dangers que peut faire courir à la paix le pacifisme des pacifiques. Non moins que les empiétements de l’injustice, il réprouvait les effacements qui s’en rendent complices. Trop avisé pour compter sur l’amour entre les peuples, trop respectueux de leurs droits pour souscrire à la volonté du plus fort, il ne mettait son espoir qu’en la création d’un organisme supranational qui, investi d’une autorité régulatrice et doté du pouvoir d’en imposer les décisions, ferait — comme pour démentir Pascal — que le droit fût aussi la force.
Arbitrage, sécurité, désarmement : maîtres-mots que proposait Herriot, et qui, selon lui, ne devaient un sens qu’à leur indissoluble jonction. Ce sont, à peu près, les mêmes qu’on répète aujourd’hui avec une confiance exténuée. Car les problèmes de la guerre et de la paix, s’ils ont formidablement accru leurs dimensions, n’en sont pas pour cela renouvelés dans leurs données premières. Certes, les rêves wilsoniens d’Herriot furent un peu malmenés par la réalité. Mais qui oserait affirmer qu’ils furent stériles ? N’est-ce pas d’eux, ou en tout cas de l’esprit qui les animait, que sortirent des communautés internationales qui, pour décevante qu’en fût la conduite, ont peut-être, quand même, en certaines conjonctures, gêné la violence et fait hésiter la guerre ?
Si jamais alliance fut étroite entre un homme d’État et un parti, ce fut entre Edouard Herriot et le parti radical. Homme d’équilibre et de synthèse, décidé à ne sacrifier aucun élément de l’immortelle triade républicaine, Herriot voyait dans le radicalisme la seule formation senestre dont la liberté n’eût rien à craindre, encore que l’égalité et la fraternité eussent beaucoup à en espérer. « Le radicalisme - déclarait-il volontiers -, c’est le rationalisme appliqué à la vie politique » ; et, en inféodant à la raison claire l’attitude qu’il s’était choisie, il sacrifiait à ce cartésianisme passionné qui était l’une des constantes de son esprit ; mais, d’autre part, il concédait parfois, et fort loyalement, que, n’eût-il pas été sentimental, il n’eût pas été démocrate...
De vrai, ses convictions ne sont rien moins que déduites de prémisses doctrinales ; elles traduisent sa sensibilité profonde ; elles doivent aux élans du cœur plus qu’aux démarches de l’intellect ; elles procèdent d’attachement à l’humain plus que de soumission aux principes.
À la différence de La Bruyère, Herriot, pour « être peuple », n’a même pas besoin de vouloir l’être. Spontanément, comme d’instinct, il rejoint la foule des humbles. Celle-ci n’est pas, pour lui, une collection abstraite d’entités anonymes : il y discerne des visages familiers, et dont quelques-uns lui furent chers... Dans ses souvenirs privés, il puise de quoi nourrir ses croyances publiques. Le milieu modeste où se déroula son enfance, ses années difficiles de « collégien pauvre », sa tante paternelle qui, à Paris, tenait le ménage du jeune Maurice Barrès : rester fidèle à tout ce passé sera l’un des articles de sa foi.
Au désir de bien servir la cause populaire, Herriot joignait le souci de ne point décevoir le personnage idéal et statistique qu’il avait lui-même baptisé « le Français moyen ».
Le Français moyen, c’est le plus ordinaire des Français, le Français type, le Francogallus vulgaris, le Français le moins déformé par le rang, la profession ou l’idéologie, le Français qui n’est ni écrivain, ni biologiste, ni politicien, ni académicien, le Français qui n’est qu’un Français comme tant d’autres, et qui justement, par sa banalité, par sa simplicité, par sa médiocrité, représente peut-être le mieux le fond du pays. Ce n’est pas diminuer, je crois, Edouard Herriot que de dire qu’en mainte circonstance il se conduisit en grand, en très grand Français moyen. Sa haute culture, sa rare intelligence, ne le tenaient point à l’écart. Il savait, à l’occasion, faire taire en lui les cautèles partisanes, les sophismes ingénieux qui trop souvent égarent le jugement moral. Ainsi, délibérément simplifié, « moyennisé », le Président Herriot, ancien normalien, docteur ès lettres, n’était plus qu’un citoyen quelconque de France en face d’un problème de France, et ce n’était pas alors qu’il prenait ses moins saines décisions.
Edouard Herriot, au cours de toute sa vie politique, n’eut la direction du gouvernement que durant dix-huit mois ; on inclinerait à penser que plus longuement il se fût maintenu au pouvoir s’il eût eu la conscience plus flexible.
Mais il était de ceux qui n’hésitent pas à dire non quand cela se doit. Une suite de fiers refus jalonne sa carrière d’homme public, et où l’on voit autant de gestes positifs, qui dessinent comme le profil de son intransigeance.
Chaque fois que l’arbitraire, l’injustice, l’improbité ont cru pouvoir compter sur lui, il les a noblement déçus.
C’est ainsi qu’en décembre 1932, comme se pose, devant la Chambre, le problème du remboursement des dettes de guerre qu’avait contractées la France envers les États-Unis, Herriot se séparera d’une majorité qui prétend servir le pays en voulant lui faire renier sa signature.
Cette signature, Herriot ne l’a pas lui-même donnée, mais il ne consent pas qu’une nation se déclare sans mémoire et conformité à soi ; il tient le respect des engagements pour le seul fondement sûr de la vie internationale ; aussi bien, la France n’est pas redevable à une trésorerie, mais à un peuple : la dette n’en est que plus sacrée, surtout quand à ce peuple, hier encore défenseur de notre sol, nous unit la fraternité des tombeaux...
Herriot assumera donc la tâche ingrate de plaider pour le créancier contre le débiteur. Au long d’un débat qui s’étend sur trois journées consécutives, et où lui-même devait voir, plus tard, le plus haut moment de sa vie publique, il adjure que soient maintenues « certaines vérités simples que nous avons apprises dans nos familles et sur les bancs de l’école ». Magnifique langage, où Herriot se montre bien tel que nous le connaissons et l’aimons, en grand Français moyen, fidèle à ces évidences primaires de la conscience qu’il ne voulait pas moins contraignantes pour le premier des gouvernants que pour le dernier des gouvernés.
Son bel entêtement devait lui coûter l’existence ministérielle Herriot, cette fois, ne tombait ni à droite ni à gauche, mais simplement du côté de l’honneur.
Assidu à protéger le frêle idéal de solidarité internationale, Herriot ne souscrira point à l’abandon de l’Éthiopie, au démembrement de l’État tchécoslovaque, aux accords de Munich. Enfin, après les résistances, la Résistance...
Pendant les quatre années d’occupation allemande, il ne quittera pas l’attitude protestataire. Tout soucieux qu’il est de ne point ajouter aux malheurs de la patrie par la discorde intérieure, il ne pourra taire son émoi, sa réprobation devant certains gestes du pouvoir qu’en sa qualité de Président de la Chambre il juge incompatibles avec la dignité nationale ou l’éthique républicaine.
Tenu pour suspect, désigné comme otage, destitué de sa mairie, - cette mairie que, pour lui ravir, il n’avait rien fallu de moins que la ruine du pays ! -, il dédaigne tant d’avertissements. Impavide, il marque les erreurs, dénonce les fautes, se désolidarise des crimes. L’auteur de Philon le Juif refuse de s’associer aux persécutions raciales. Quand on lui demande de violer son serment en livrant les procès-verbaux des Comités secrets de la Chambre, il tient tête à ministres et procureurs, car il n’entend pas - toujours le grand Français moyen ! - se conduire plus mal qu’un curé de campagne. Il réclame contre l’effacement du mot de République au fronton des bâtiments nationaux ; et, dans une Lettre qu’il signe avec le Président Jeanneney, et où passe un ressouvenir de J’accuse, il lance la fameuse phrase qui en appelle au passé pour répondre de l’avenir « Il est impossible que la liberté meure dans le pays où elle est née et d’où elle s’est répandue sur le monde. »
Puisque cette voix, trop écoutée et trop forte, n’acceptait pas de se taire, puisque cette conscience ne voulait pas transiger, puisqu’on ne pouvait s’arranger avec ces scrupules, il fallait bien neutraliser le dissident. Autour d’Herriot, une sournoise persécution va s’organiser, dont le premier acte sera de le mettre en résidence surveillée. Calme, et fumant sa pipe, il relit Prométhée enchaîné... Un peu plus tard, il est incarcéré dans une maison de la Creuse, puis, après avoir été remis aux autorités allemandes, il sera transféré en Lorraine, ramené à Paris, et finalement conduit en Allemagne, d’où il ne reviendra qu’en France délivrée.
En dehors même des risques encourus (ne crut-il pas, un jour, qu’il serait fusillé dans un chemin creux ?), qu’on se représente ce que pareilles tribulations entraînaient de fatigue, de privation, de misère physique et morale, pour un homme de son âge, déjà touché par la maladie. Toutes ces épreuves, que partage son admirable compagne, il les endure avec une équanimité où entrait même, je crois, une sorte de satisfaction à souffrir pour sa patrie et pour ses idées : d’avance, il goûtait en l’âpreté de ses maux tout ce par quoi il savait qu’ils le grandiraient aux yeux de ses concitoyens. Ah ! si quelques-uns, naguère, s’étaient permis le sourire devant la manière un peu emphatique dont Herriot, quelquefois, parlait de la France, en mettant la main sur son cœur, une telle ironie, désormais, cessait d’être de mise : ses paroles recevaient le sceau de vérité qu’appose le sacrifice ; nous connaissions maintenant qu’elles étaient de la rare sorte qui n’attendent, pour s’élever aux actes, qu’un signe du destin.
Si, dans son œuvre d’homme d’État, fragmentaire et souvent contrecarrée par autrui, Edouard Herriot ne fut pas admis à donner son entière mesure, en revanche, durant le demi-siècle quasi continu de sa magistrature lyonnaise, que d’innovations, d’améliorations, de réformes, par où il se montra grand créateur et précurseur en urbanisme, en architecture, en agriculture, en assistance sociale, en technique sanitaire, compensant les insuffisances de la législation d’ensemble, faisant de sa ville une cité modèle, dont l’exemple, bientôt suivi en d’autres lieux, instiguerait le progrès dans tout le territoire !
Sa vigilance municipale embrassait les domaines les plus variés, depuis le souci d’assurer la salubrité des égouts jusqu’à celui de faire entendre de plus nobles concerts et de favoriser les travaux d’une Société de naturalistes ; mais il savait donner la juste priorité aux graves problèmes de la santé et de la peine des hommes.
Au début de notre siècle, le ministère de la Santé publique n’existant pas encore, la responsabilité des mesures d’hygiène incombait principalement aux maires, dont la coutumière incurie excitait le sarcasme de l’éminent pastorien Emile Duclaux. Qui donc - ironisait le savant - oserait réclamer l’abattage des chiens mordus par une bête enragée, quand « derrière chaque chien il y a un électeur » ? Herriot n’appartient point à cette catégorie de maires pusillanimes. Quand l’intérêt public est en jeu, il ne balance pas à engager son autorité pour faire respecter les prescriptions de la science. Mieux encore, il s’entend à choisir, pour les associer à son vaste plan d’hygiène sociale, les meilleurs d’entre ceux qui savent. En médecine comme en littérature, il a le goût très bon. Lorsqu’il tâche à limiter la propagation des maladies contagieuses, il consulte le professeur Grasset ; lorsqu’il mène la lutte contre l’alcoolisme et le taudis, il prend les avis de Landouzy ; lorsqu’il réorganise les hôpitaux, il requiert l’appui du professeur Courmont. Lui-même il se tient au courant des progrès de la médecine, si bien que, frappé des déclarations faites par Grancher sur la prophylaxie de la tuberculose, il sera l’un des premiers à procurer aux jeunes enfants le bénéfice du grand air, du soleil et de la forêt.
Dévoué à sa ville, comme à une personne aimée - encore son animisme ! -, ayant à la fois l’ampleur d’imagination et le sens de la mesure, doué d’un optimisme de principe que corroborait l’expérience quotidienne du succès, il nous a livré un de ses secrets d’homme d’action quand il a dit que, ce qu’il voulait faire, il le commençait tout de suite, et avant même d’en avoir dressé un plan rationnel. Ainsi, tenant compte des lois de la vie et de la croissance - plus bergsonien, ici, que cartésien -, il s’en remettait à cet élan vital des choses naissantes qui devenait son meilleur auxiliaire.
Un autre de ses secrets, il le devait à l’accueillante disposition de son esprit, qui se plaisait à découvrir, par delà les frontières, l’heureuse nouveauté. Grand voyageur et butineur d’idées, il rapportait, de chacune de ses courses, une leçon profitable à sa ville. L’Angleterre l’instruit sur les logements ouvriers ; l’Allemagne l’incite à perfectionner la technique hospitalière, et aussi à mieux tirer parti des cours d’eau ; la Belgique le fait réfléchir sur l’assistance aux vieillards et la protection de la femme ; Budapest lui enseigne la rue fleurie ; aux États-Unis, il emprunte une manière d’organiser les bibliothèques ; en Suisse, il note l’excellence des techniques d’élevage, et il y admire tellement les bovidés de race Simmental qu’un jour on le verra, en personne, ramener de la foire de Berne un superbe taureau marbré de rouge !
Après avoir signalé tant de réussites, me sera-t-il permis de rappeler un des rares projets d’Edouard Herriot qui ne fut pas mis à exécution ?
La pensée lui était venue, en 1916, de consacrer à la mémoire des soldats disparus, non pas un pesant monument de granit, mais un simple jardin, sorte de bois sacré.
« Dédier sur une colline de nobles ombrages aux mânes de ceux qui n’ont pas laissé de dépouille, telle est sa pensée d’un spiritualisme si latin, et dont la bonté religieuse fait monter aux yeux des larmes. » Ce n’est pas moi, Messieurs, c’est Edmond Rostand qui vient de définir ainsi le beau rêve d’Edouard Herriot. Rêve qu’il devait mêler à sa propre inspiration : ayant précisément commencé d’écrire un poème sur « Les Disparus », il n’y mit les dernières strophes qu’après avoir eu connaissance, par Herriot lui-même, de l’émouvant projet.
Le parc des « disparus » ne se trouve pas à Lyon, il n’existe qu’en ce pur poème, aux accents d’élégie, resté pour moi inséparable du nom d’Herriot, puisque non seulement Herriot en provoqua l’achèvement, mais encore demanda à mon père de venir le réciter devant un auditoire lyonnais, au cours d’une conférence où furent pieusement recherchés les moyens de faire vivre le souvenir de nos morts.
Plus encore que par son œuvre d’homme d’État et d’administrateur, Edouard Herriot s’était désigné à vos suffrages par l’importance d’une œuvre littéraire où figurent plus de quarante volumes dont certains sont presque des monographies, d’autres presque des actes. En tous, si divers par le thème, l’intention, le tour, éclate la vertu d’un style expressif, libre d’allure mais discipliné, également propre aux lenteurs du rythme oratoire et aux vivacités de la concision, usant des artifices de la rhétorique mais avec tant d’art qu’il n’y gagne qu’un renforcement de son naturel.
Deux ouvrages au titre impératif, Agir et Créer, nous livrent le Credo politique d’Edouard Herriot.
Au lendemain d’une victoire qu’il jugeait trop chèrement acquise pour ne pas appeler de graves repentirs, Herriot va procéder - tout comme Renan au lendemain de la défaite - à un soigneux examen de la conscience nationale. Il a connu le régime à la fois comme maire, comme sénateur et comme ministre. C’est en expert qu’il se prononce. Pointant avec une impitoyable sagacité les motifs de notre faiblesse, il énumère : la défaillance de l’autorité, les abus de l’individualisme, la mollesse de l’exécutif, l’aveuglement fanatique et l’hystérie doctrinale, le fonctionnarisme sclérosé, la torpeur des ministères et les congratulations des Académies, la sinistre camaraderie qui fausse tous les choix, la dictature du hasard, « ce ministère sans portefeuille qui survit à toutes les crises », enfin, « ce manège incertain de ruse, d’intrigue et de fourberie que nous décorons du nom de politique », et cette misérable lutte pour le pouvoir qui nous ferait douter parfois si les qualités qui aident à le conquérir ne sont pas celles-là mêmes qui disqualifient pour en assurer décemment l’exercice.
Ainsi qu’on voit, rien ne manque à ce réquisitoire, qui aurait de quoi émouvoir un Comité de vigilance antifasciste s’il ne venait d’une source républicaine dont la pureté fût au delà de tout soupçon...
Herriot, de surcroît, dénonce les méfaits de la verbosité politicienne ; il s’en prend aux joutes oratoires, aux parades vocales qui donnent au Parlement un air de théâtre ou de foire, et n’est-ce pas un beau paradoxe que ce soit un seigneur de la tribune, un magnifique orateur ayant fait tant de fois la preuve de son pouvoir sur les assemblées, qui veuille ainsi congédier les discoureurs et tordre le cou à l’éloquence ?
Doit-on rappeler que les remontrances faites par Edouard Herriot à notre démocratie sont d’un qui s’irrite de voir abaisser ce qu’il respecte et dégrader ce qu’il aime ? Nul lien, pense-t-il, entre les principes qui la régissent et les abus qui la décréditent. Le fâcheux spectacle qu’elle nous offre relève de sa tératologie, non de sa morphologie constitutionnelle. À telles enseignes que, sans mentir à son nom, et même en ne le méritant que davantage, elle pourrait devenir bien autre qu’elle n’est, quitte à se faire désavouer par ces mauvais zélateurs qui, bénéficiaires de ses vices, la souhaiteraient toujours fidèle à sa caricature.
Herriot appelle donc la venue d’une République neuve, corrigée, assainie, rajeunie. Et quel sera le guide de cette renaissance ? Qui devra présider à l’effort résurrectif ?